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Portion de vie
27 octobre 2006

J'vous sers une p'tite vodka?

tchekhov

Il est plus de 19 h et... je suis encore au boulot. Alors que j'essaie tant bien que mal de terminer ma semaine éprouvante (et ce depuis 16 h 30), un bruit de fond s'amplifie entre mes deux oreilles : tu es la seule looser à travailler aussi tard un vendredi soir, y'a rien à manger chez-toi, l'appartement est un foutoir, as-tu vraiment envie de rentrer directement à la maison, tu es la seule looser...

D'un coup de baguette magique, un sauveteur national right from MSN m'extirpe de mon renfrognement :
- Tu es encore au boulot ???
- Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
- Une pause, ça te dirait ?
- Euh, non, j'ai vraiment le goût de déguerpir...
- Ha, c'est juste que j'ai un billet de disponible pour le théâtre ce soir...
- Ha ce n'est pas une pause ça mon chéri. C'est un départ accéléré !

Pour moi, c'est une première rencontre.
Anton Tchekhov
, je le connais de nom, mais pas ses pièces. Faut croire que je suis la seule, l'entrée de la Place-des-Arts est bondée. Nous pénétrons dans les lieux, et dans une enfilade de Marie Tifo, Francine Grimaldi, Françoise Gratton, Janette Bertrand, Marc Laurendeau et Anne-Marie Dussault, André Melançon, Monique Miller, Catherine Bégin, Gilles Duceppe et sa femme, Gabriel Sabourin, Jean Maheu, nous nous dirigeons vers nos sièges...

- Dis-moi, c'est la première ce soir ?
- Oui, je ne te l'avais pas dit ?

Tu m'étonnes, le 3/4 du bottin de l'UDA est réuni à la même place au même moment. Ça promet ! En fait il s'agit d'un projet commun entre la compagnie Jean Duceppe et le TNM : les pièces Oncle Vania et La Mouette font partie de l'événement Tchekhov. Elles seront diffusées séparement, mais jouées par les mêmes comédiens et dirigées par Yves Desgagnés.

Les pièces de monsieur Tchekhov, sont à prime abord plutôt sombres. Je suis même déçue de la fin, les protagonistes qui après avoir bien touché le fond, retournent à leur vies misérables, sans avoir appris de leurs leçons et de leur souffrance. Just quick it, damn it ! Voilà, je vous vends le punch (c'est par sollicitude pour ceux qui préfèrent les happy ending).

Oui c'est sombre à souhait, mais pas lourd pour autant :

... la pièce débute sur une magnifique chanson folklorique russe. Par la suite, chaque nouvelle scène est précédée d'une pièce musicale apportant une touche bien réjouissante contrastant avec la morosité des propos.

... le décor est composé d'un sculptural gazebo pivotant et de très larges panneaux texturés en fond de scène. L'ensemble nous rappelle que "less is more" est une formidable adéquation.

... le jeu de comédiens formidables, dont Gérard Poirier qui frappe et amuse en jouant avec aplomb son rôle de vieil intello grincheux et détestable... Michel Dumont qui est désarmant de sincérité et la jeune Catherine Trudeau dont le personnage est celui qui dirige cette bande de désoeuvrés à bras-le-corps dans une étroite sortie vers l'espoir.

... et Kim Yaroshevskaya toujours aussi... candide (elle n'a pas un grand rôle, mais je l'aimerai toujours inconditionnellement).

... sans compter un texte vibrant d'actualité, dont un monologue du docteur Astrov sur le sacage les forêts au profit de l'urbanité. Anton se retournerait dans sa tombe s'il savait ou nous en sommes, 100 ans après que cette pièce ait été pondue.

Ma foi, ça donne soif et envie de voir La Mouette en mars prochain. En espérant que mon sauveur national right from MSN aura une place pour moi !

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